Pour mieux connaitre celui que beaucoup commence à entendre un peu plus aujourd'hui et qui seront je l'espère encore plus nombreux demain. Benoît sera, et avec lui beaucoup d'autres de tous âges, un acteur important de la reconstruction du logiciel socialiste. Mais nous ne céderons ni au jeunisme ambiant qui ne change rien à l'affaire, ni à la résignation facile qui voudrait qu'au nom de la modernité nous nous asseyions sur ce qui fonde notre engagement collectif: nos convictions et notre envie de servir nos concitoyens et non, abdiquer devant une société individualiste, où les valeurs médiatiques de TF1, Dassault auraient gagné, où les valeurs ultra-libérales engendrées par une mondialisation libérale non régulée et par les offensives néo-conservatrices sécuritaires d'un monde de moins en moins sur auraient gagnées...
Non, M.Sarkozy, une opposition réelle à votre régime bonapartiste se met peu à peu en place, et avec Benoit Hamon et beaucoup d'autres dans notre Parti, nous répondons présents. Nous ne cédons pas aux sirènes de l'ouverture et à la facilité de certains aigris qui ont tellement peur de ne plus être sur la photo, acceptent maroquins et missions et qui n'ont au final aucune responsabilité, si ce n'est de répondre présents pour les photos et les caméras (n'est-ce pas Messieurs Bernard, Eric, Jack, Jacques et Madame Fadela); nous ne cédons pas non plus aux félicitations ridicules adressées parfois par certains socialistes prétendûment "nouveaux et rénovés" au Président (n'est-ce pas Messieurs Julien et Manuel); nous ne cédons pas plus à la volonté de transformer notre Parti Socialiste en un Parti socialiste présidentialisé uniquement composé de supporters (n'est-ce pas Madame Ségolène et Monsieur François R).
Nous devons, à gauche et collectivement, relever la tête, et ne pas nous enfermer dans des guerres de chapelles, mais bien engager la reconstruction et la mise à flots du navire socialiste!
Benoît Hamon, 40 ans, nouveau porte-parole du PS. Noniste lors du référendum européen, réservé envers Royal, il incarne la relève d’un parti d’éléphants déboussolés.
Libération, le 31 juillet 2007
Seul Solferino connaissait son prénom. On parle aujourd’hui de lui pour diriger un parti qu’Hollande aimerait laisser en location-gérance, d’ici un an. Benoît, qui? Benoît Hamon, ancien président du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), député européen, et récent porte parole d’un PS contraint de faire donner la jeune garde, pour faire pièce à un Sarko sortant de son chapeau Rama, Fadela, et cetera.
L’intéressant est qu’Hamon est un hybride au parcours peu dans l’air du temps droitisé et aux idées en rupture avec celle de l’ex-candidate maison. Il a débarqué via la rocardie, a travaillé avec Jospin et Aubry. Puis a tenté l’aventure de l’aile gauche avec Montebourg et Peillon. Il a voté non au référendum sur l’Europe, mais ne s’est pas converti à l’ «ordre juste» à l’inverse de ses deux camarades. Il dénonce la tentation sécuritaire des ségolistes, s’interloque de leurs dénonciations de l’assistanat, défend les 35 heures qu’il mit en musique chez Aubry. Et s’étonne que la gauche, après avoir dégluti la couleuvre du libéralisme économique, semble prête à s’enrouler autour du cou le boa constrictor du conservatisme sociétal.
L’homme est mince et fibreux. On sent qu’il a du jarret, du nerf, et les muscles comme des dagues affûtées. Il a le ventre plat et l’élégance contrôlée. On ne lui verra pas la liquette qui dépasse et la cravate tire-bouchonnée. Il est en chemise blanche et en pantalon marron glacé qui casse parfaitement sur le soulier. Ni la perfection british d’un Moscovici, ni l’éternel velours noir de Hollande. Une apparence sans chichis, mais sans laisser-aller.
Cette allure entre petit marquis et hidalgo cambré, ce cheveu court, ce regard clair, ce goût de la formule et de la joute, feront vibrer le cœur de ces midinettes que sont les télés. Sitôt coincé dans la petite lucarne, Hollande, excellent tribun de salles polyvalentes, voit sa drôlerie se diluer, et le fantôme du radicalisme cassoulet revenir le hanter. Parions qu’Hamon y gardera sa vivacité, son mordant, sa rapidité. Qu’il saura faire oublier l’agressivité de ses harangues qui impressionnent le militant ou le hiérarque mais perturbent le spectateur. Et qu’il prouvera qu’on peut rester maigre sans devenir aigre.
De lui, Razzye Hamadi, l’actuel président du MJS et l’un de ses fidèles, dit qu’il est «pugnace». Et que quand il joue au foot, il est capable de «tacler les deux pieds en avant». Dans l’entourage de Hollande, on nuance: «Il pouvait être vachard. Il se patine.» Et on ajoute: «Il est bien assis sur ses convictions. Il est carré et habile, autonome et réglo. Il sent les choses et il bosse, il consulte et il décide.» Ses ennemis se contentent de lever les yeux au ciel, de le renvoyer dans les limbes de son inexistence ou de le pousser en avant pour qu’il se grille aux feux de la rampe.
Chez les turfistes roses, à l’heure de la grande déboussolade, on parie sur deux yearlings pour la prise d’un parti de seniors qui peut très bien se cabrer et envoyer valser tout ce jeunisme. Manuel Valls, 44 ans, versus Benoît Hamon, 40 ans. Le maire de Créteil, blairiste assumé, contre le noniste de Bruxelles, qui soutient que: « Lorsque la gauche cesse d’être la gauche, la gauche perd.» L’amusant est que ces deux challengers poids mouche ont grandi en Rocardie, province girondine et rétive du PS.
Hamon y est venu via la Bretagne et les bonnes sœurs, ce qui va de pair. Sans oublier SOS Racisme qui était une façon comme une autre d’être boy-scout et bon cœur. Cela dit, l’histoire est un peu moins limpide. S’il est breton, Hamon est d’abord brestois, c’est-à-dire frondeur et fonction publique dans des terres longtemps agenouillées devant leurs bons maîtres. S’il a fait ses classes dans le privé, il est fils d’un ouvrier de l’arsenal, pas d’un officier de marine. Et s’il était fier de porter la petite main jaune dans des bahuts où fleurissait les «Touche pas à mon pays», il tenait aussi à remplacer les crucifix par des photos du groupe Baader-Meinhoff.
Côté religion aujourd’hui, il explique «C’est peut-être grâce aux sœurs que j’ai appris à ne pas croire en Dieu. C’est peut-être d’elles que me vient mon libre arbitre.» En ces années de formation, il se revoit «peu structuré, fonctionnant à l’énergie, à l’ émotion». Et aussi «pas très porté au respect des institutions en général», assez rétif «aux notions d’ordre». On suspecte quelques remontées de ces irritations à l’énoncé des projets «jupe plissée bleu marine» de Ségolène. Il se souvient aussi du choc culturel ressenti quand il débarque à Paris et qu’il côtoie la jeune rocardie propre sur elle. Il vit ça comme quand il se glissait en douce dans les boîtes de nuit réservée à la gentry brestoise pour draguer les filles des galonnés.
Les origines sont à chercher tout à côté, le Breton ayant le voyage en éternel retour. Des paysans de Plougastel-Daoulas, des mécanos et commerçants de Portsall. Cela dit, ça bouge quand même. Une expatriation familiale à Dakar, un collège de frères maristes locaux, pas le lycée français des coopérants. Et, ensuite un divorce qui le voit, aîné, demeurer à Brest auprès de son père quand frère et sœur accompagnent leur mère à Dakar et à Toulon. De 13 à 18 ans, il apprend l’autonomie, l’indépendance. Il évoque cela comme une expérience positive, légère.
Jeune, il n’est pas très lecture. Cela lui viendra plus tard: Primo Lévi, Gide, Gary, Cocteau, Gramsci. Il préfère la musique. Exhume trois strates datables au carbone 14. 1) Du hard rock (AC/DC, Trust). 2) De la new wave (Cure, Sisters of Mercy, encore les sœurs.) 3) Du rap. «J’écoute NTM, quand ma nana n’est pas là.»
Assez dans le masculin classique, il est aussi très sport. Actif et passif. Ailier de l’équipe de rugby du Parlement et lecteur de l’Equipe. Et regardeur acharné du XV dirigé par le nouveau secrétaire d’Etat, sur un magnifique écran plat, offert pour ses quarante ans. Plasma dans lequel il se noie, au cœur d’un tranquille trois pièces du XIVe arrondissement et au grand dam de sa compagne qui s’occupe de cinéma, à la Commission européenne.
Au milieu de sa vie, après vingt ans en politique, Hamon reste strictement estampillé «jeune» dans ce vieux monde apeuré et immature. Et l’étiquette le colle d’autant plus en sparadrap qu’il fut chef de jeunes, en un temps où les Alexandre ou les Saint Just en sont réduits à faire «areuh», consignés dans leur youpala.
Avant Hamon qui fit grandir son MJS et plaça ses hommes chez les lycéens de l’UNL et les étudiants de l’Unef, Cambadélis entraîna vers la social-démocratie ses trotskos de l’OCI et Julien Dray pilota la galaxie SOS Racisme et ses satellites («Ni putes ni soumises», la FIDL). Mais c’est comme si «Camba» et «Juju» payaient cette connexion avec les générations montantes d’une infantilisation récurrente, d’un permanent «Mais vous avez bien le temps, votre tour viendra».
La tâche de Hamon n’est pas simple s’il veut échapper à cette drôle de malédiction. Jusqu’à présent, il a campé sur ses convictions, sans craindre d’être «mino» (minoritaire) quand d’autres ne pensaient qu’à ne pas manquer le train «majo». Paradoxe, c’est ce qui fait sa force et facilite son ascension.
Et dans dix ans, qu’en sera-t-il ? Seules les bouches d’ombre des poissons qu’il est parti alpaguer en mer d’Iroise, ravi de sa nouvelle canne à pêche, connaissent la réponse.
le blanc, c'est mieux que le vert, mais bon ecrire en bleu disons claire, c'est pas terrible.
sinon pas super emballé par les deux colonnes sur la droite...
enfin qui ne tente rien...
Rédigé par : Mathieu | 21 août 2007 à 09:50
monsieur est-il plus satisfait? reste quelques détails encore à finir mais faut prendre son temps....
Rédigé par : Gildus | 21 août 2007 à 10:21