Fruit de nos réflexions des dernières semaines et d'échanges avec plusieurs camarades isérois, voici notre première contribution au débat pour entrer dans cette période de Congrès.
Résolument à gauche, nous n'en sommes pas moins à la recherche d'un nouvel état d'esprit, de nouvelles méthodes de travail au sein du Parti socialiste. A nous d'être utiles à ceux et celles qui souffrent jour après jour des décisions les plus iniques du Président Sarkozy et de ses obligés!
« Sortir de la glaciation »
Au moment d'entrer dans une nouvelle phase de l'histoire des congrès du Parti Socialiste, notre responsabilité de militants, d'élus socialistes est grande. Dans la logique de la Vème république, l'élection présidentielle est aujourd'hui déterminante et nous ne pouvons passer sous silence, après trois défaites consécutives, la difficulté qui est la notre aujourd'hui d'affronter ce scrutin. Dans le même temps, à l'échelon communal, départemental, régional, le Parti Socialiste est aujourd'hui avec ses alliés en responsabilité dans une très large majorité de collectivités. Dans ce congrès, l'heure n'est pas à la présidentialisation du Parti, mais à la réflexion et à la redéfinition d'un Parti qui soit porteur de propositions aux niveau national, européen et international, porteur d'un projet revu et actualisé et de nouvelles propositions crédibles et audibles par nos concitoyens. Mais aussi d'un Parti Socialiste qui se repositionne clairement sur ses valeurs, celles qu'il porte depuis plus d'un siècle comme les nouvelles portées par les évolutions de la société; d'un Parti qui s'affirme clairement comme porteur de la transformation sociale et qui prend toute sa place dans les mouvements sociaux aux côtés des organisations syndicales.
Comment analyser ce que
certains appellent déjà la « SFIOisation » de notre Parti? Quelles
propositions concrètes pouvons-nous faire pour faire du Parti Socialiste
Français, un Parti qui ne se contente pas uniquement de ses succès locaux,
comme aux dernières municipales (même si nous ne pouvons taire une très forte
abstention et l'émergence dans bien des endroits d'une gauche bien plus
radicale...)? Comment faire du PS un parti qui porte aussi au niveau national,
européen, un vrai projet crédible et audible pour l'émergence d'un nouveau
capitalisme régulé, de nouvelles règles du jeu de l'économie de marché, de
nouveaux droits, et ce autour de méthodes de travail collectives et
approfondies? Nous ne voulons pas d'un nouveau Congrès où caporalisés, les
militants, et les Français qui nous observent, n'en seraient réduits qu'à subir
l'affrontement stérile de personnes, voire la poursuite de votes bloqués
appliquant ainsi les consignes d'écuries fossilisées, regroupées autour de leur
champion présidentiel. Le PS étouffe de ces écuries datant pour certaines des trois dernières présidentielles,
d'autres du congrès de Rennes (1990), d'autres de celui de Metz (1978), quand
certains n'en appellent qu'à l'équilibre d'Epinay (1971).
Plus que d'équilibres et
d'écuries, nous devons réapprendre à travailler ensemble, réfléchir et accepter
de trancher, former un collectif ayant des règles acceptées par tous. Savoir
nous former et nous ré-interroger sans cesse sur le sens de notre engagement
socialiste au 21ème siècle. Savoir aussi accepter
que certains pensent différemment de nous, même si sur l'essentiel nous sommes
d'accord. Savoir également trouver les moyens efficaces de délibérations et de
travail avec nos partenaires qui ne soient pas simplement la reconduite ou la
signature nouvelle d'accords électoraux sans réflexion de projet, de stratégie
à long terme de transformation sociale de notre pays. Nous avons aujourd'hui
bien trop souvent besoin de nous réfugier dans nos situations locales, et nous
le faisons bien, pour prendre des décisions, sauf qu'aujourd'hui, nous n'avons
plus de coordination, de réflexion, pour inscrire ces actions ou nous
interroger si cela s'inscrit réellement dans une démarche globale des
socialistes français pour la France, l'Europe ou le Monde.
Admettons que le Parti
socialiste est un parti électoralement efficace, fort en élus, mais qui se
meurt de divisions internes, d'inimitiés personnelles, de reproductions de
clans opposés sans passerelle de travail collectif, et de rapports de force
internes si puissants que nous en oublions de réfléchir bien souvent à la
définition d'une ligne politique claire de propositions, en opposition à la
droite au pouvoir dans le pays et majoritaire en Europe. Ainsi par exemple,
nous en oublions aujourd'hui, à quelques exceptions près, de tenter de
convaincre réellement de la pertinence d'une nouvelle vision du projet
européen. Pourtant, nous sommes persuadés, que par-delà nos divergences sur le
traité européen, par un réel travail de convictions, les socialistes français
sont porteurs originels d'une nouvelle donne au niveau européen. Nous avons ainsi réussi à mettre en avant, lors de la
dernière campagne pour les élections européennes, notre vision : l'Europe
sociale! A nous de nous mettre au travail pour porter partout cette nouvelle
proposition socialiste. Bref porter haut les couleurs d'un socialisme français
revisité, moderne et fidèle à son histoire, vraiment à gauche, défenseur des
valeurs humanistes, d'une nouvelle donne économique européenne, d'une
liberté, d'une égalité, d'une fraternité et d'une laïcité qui aient du sens.
Nous, militants et élus
isérois, appelons l'ensemble des socialistes à débattre autour des prochaines
contributions et motions et à ne pas succomber aux anciennes règles d'écuries
des motions qui ne viseraient qu'à endormir et à reconduire les postures
habituelles. Nous demandons donc à bénéficier de temps, que nous faisions
l'effort de discuter franchement, de proposer, de constater nos accords et
désaccords, d'évaluer quelles sont les stratégies et règles d'alliance
possibles, de relancer de nouvelles discussions à ouvrir avec tous ceux qui le
souhaitent, qu'ils soient partis politiques, associations, syndicats,
mouvements mutualistes ou simples citoyens.
Pour parler clair, nous
n'en pouvons plus des congrès ficelés d'avance par des équilibres tenaces qui
règnent depuis parfois vingt ans et plus, nous voulons que chacun renverse la
table et que nous puissions, tous en pleines liberté et responsabilité, chacun
à sa place, du député aux militants, du responsable fédéral aux sympathisants,
réapprendre le sens du mot « camarade », le sens du travail
collectif.
Commentaires