Vous avez remarqué que depuis le soir du deuxième tour le 6 mai, il n'y a eu aucune note sur ce blog. Et oui, 53%/47% pour Nicolas Sarkozy, 85% de participation, celà fait mal, mais le suffrage universel a parlé et nettement, et ce malgré le courage, la ténacité et le volontarisme dont a su faire preuve Ségolène Royal, mais aussi dont nous tous, militants de cette campagne avons été les acteurs. Cette note est la centième et franchement ce n'est pas du tout celle que j'espérais.
Alors en vrac, quelques impressions quelques semaines après et une dizaine de jours avant les législatives, qui quoiqu'on en dise, quoique vous puissiez lire ou entendre dans nos chers médias brosse à reluire, restent une étape importante dans la procédure démocratique. Pour moi, dans chacune des 577 circonscriptions, il est hors de question de penser que le résultat doit aller de soit, avec de l'UMP partout, ou pour les récalcitrants, hors de question de laisser ces circonscriptions à des mangeurs de soupe type "Nouveau Centre"....
Néanmoins, la pression des deux joggers fous et de leurs affidés médiatiques et sondagiers est là, et on nous annonce que la gauche, le PS aurait, çà nous le savons, perdu la présidentielle, qu'elle devrait perdre à plate-coutures les législatives, et enfin que nous aurions perdu la bataille des valeurs et des convictions.
En ce qui me concerne, et nous sommes beaucoup encore à y croire, nous croyons véritablement être capables d'incarner un autre chemin, une autre vision, d'autres valeurs que celles défendues par M.Sarkozy. Certes, il va nous falloir du temps pour remettre notre camp en marche, digérer tout celà et sérieusement, ne pas nous tromper de débat, et nous concentrer d'abord sur le fond avant comme certains le font trop vite de foncer trancher sur la question du le leadership. Alors oui, il est question de bataille culturelle, de regagner l'éducation populaire, de convaincre mais d'abord de trancher les questions fondamentales qui se posent à nous sur la sécurité, sur le modèle économique et la stratégie industrielle de notre pays, sur la question européenne et nos exigences, sur la question des moyens et enfin et surtout, thème qu'il va nous falloir non pas combattre frontalement mais savoir utiliser, comment réussir à percer dans le système médiatique actuel qui ne laisse aujourd'hui aucune possibilité à la gauche d'être audible. Puisque dès que nous ne rentrons pas dans le modèle sarkozyen, néo-libéral, néo-conservateur, nous ne sommes qu'archaïques, nous ne serions pas modernes, nous ne serions pas comme les autres gauches européennes sociales-démocrates (qui entre parenthèses, se ramassent les unes après les autres.....). Comment imposer dans le débat public un véritable rapport de force sans résignation, voilà notre feuille de route pour les mois à venir? Comment en ouvrant toutes les portes à toutes les forces de progrès du centre à l'altermondialisme, réussir sur le fond les compromis nécessaires, avec les mesures phares, la dialectique compréhensible par chacun, les priorités claires, sociales, environnementales, économiques et industrielles, institutionnelles compréhensibles par une majorité de nos concitoyens. Oui par le fond, imposer nos thématiques dans le débat, contrer l'offensive Sarkozyenne, mais ne pas nous résigner comme d'autres vont à la soupe, de peur de ne pas en être, tels les Besson, Kouchner ou autre Jouyet, dont nous ne dirons jamais à quel point l'aventure est incompréhensible, inacceptable et en même temps ne doivent être considérés que par le plus grand mépris. Henri Emmanuelli disait très justement hier sur RTL que c'est dans les défaites que l'on découvre véritablement le caractère et les véritables convictions des uns et des autres. Sans commentaires. Emmanuelli a mille fois raison et comme lui et beaucoup d'autres, nous ne nous ne résignons pas.
Oui la rénovation doit se faire et elle passe par trois urgences.
La première est d'arrêter ces petites piques, médiatiques, sans intérêt, sur la responsabilité des uns et des autres dans la défaite du 8 mai. Nous socialistes, nous peuples de gauche, devons mobiliser les 17 millions d'électeurs du 8 mai, pour qu'ils soient représentés correctement et si possible majoritairement à l'Assemblée Nationale. Alors pas d'état d'âme et aidons partout dans nos circonscriptions les candidats qui ont été investis.
Un petit mot particulier pour 2 candidates.
Geneviève, quant à elle, sur la première circonscription de l'Isère, mène sans doute le combat en notre nom à tous, et avec notre soutien le plus entier, qui symbolise le mieux tout ce que nous rejetons: elle se démène pour se faire entendre, porter ses propositions, défendre ses dossiers dont elle démontre ce que nous savions tous chaque jour un peu plus la maîtrise, elle lutte en tant que socialiste convaincue contre le retour en tant que député d'Alain Carignon, qui se présente de nouveau en chevalier blanc de la transparence, oubliant les trois années de détention qu'il a subies, avec raison, pour l'état lamentable dans lequel il a laissé Grenoble et surtout pour avoir toujours mélangé argent public et intérêt personnel. La démocratie française, iséroise et grenobloise, peut très bien se passer de vous, M.Carignon, et en plus en l'espèce, avec la présence de Geneviève Fioraso, nous avons l'exacte proposition inverse qui nous tend les bras: une réelle détermination et non votre habituelle langue de bois insipide, de réelles convictions et non votre clientélisme permanent de bas-étages, une honnêteté et non vos habituelles manoeuvres d'un autre temps. Non, M.Carignon, l'heure de votre retour n'a pas sonné, bien au contraire, les 10 et 17 juin, les électeurs de la 1ère circonscription vont vous signifier que votre partie est terminée. Et qui plus est, Geneviève Fioraso saura porter haut et fort la parole des électeurs de gauche et progressistes qui ne veulent pas de l'état UMP omnipotent de votre copain de jogging, président de la République.
Je pense bien évidemment à Michel Destot et Michel Issindou, qui sauf surprise et réelle vague, que dis-je tsunami UMP, devraient tous deux être députés de l'Isère dans une dizaine de jours. Bien entendu, il faut également tout faire pour la réélection de Didier Migaud, dont les compétences budgétaires et fiscales nous seront tant nécessaires pour contrer les chausse-trappes de ce gouvernement; François Brottes, également qui nous sera très utile dans la lutte contre le démantèlement des services publics, énergétiques entre autres; et enfin André Vallini, sur les questions notamment de justice et de nos libertés individuelles.
Un salut amical à Erwann Binet sur la 8ème, vers Vienne, et Laurence Girard, sur la 6ème de l'Isère, qui mènent eux-aussi des combats difficiles mais utiles et nécessaires.
Première urgence donc amener le maximum de députés de gauche à l'Assemblée Nationale.
Deuxième urgence, et il commence aussi durant ces législatives, la rénovation et le renouvellement à gauche. En l'occurence, et pour prendre des exemples assez sympathiques, je pense entre autres à Régis Juanico dans la Loire, à Barbara Romagnan dans le Doubs, à Olivier Dussopt en Ardèche, à Mathieu Klein à Nancy (même s'il a déjà eu l'honneur d'une partielle) et à bien d'autres qui pour la première fois sont au front pour ces législatives. Il est bien difficile d'ouvrir à une nouvelle génération les portes des responsabilités et pourtant je crois que le PS a su "relativement" et même si c'est difficile tenter ce renouvellement, et réussir à tendre à la parité. Nous n'y sommes pas encore et c'est mon coup de gueule de la journée.
Quant je vois l'état de la gauche, des socialistes dans certaines circonscriptions, je me dis que nous sommes incorrigibles parfois. Je suis consterné notamment pour Kheira Drissi ou pour Laurence Duffaut, quant je vois l'attitude de camarades, voire de fédérations, qui refusent de soutenir ces candidats malgré les décisions du parti, présentent des candidats dissidents, diminuant d'autant les chances de la gauche de bien figurer voire de gagner dans ces circonscriptions. C'est affligeant et consternant. Je renouvelle à toutes les deux mes voeux d'encouragement et de pleine réussite dans cette campagne. Je mets dans le même sac les députés sortants que sont René Dosière et Michel Charzat qui lors des désignations ont été écartés et qui se présentent quand même. Toujours aussi consternant. Le renouvellement impose de savoir un moment laisser sa place. Même si ce n'est pas simple, c'est l'honneur de la politique de savoir l'organiser.
Cette étape n'est qu'une étape et le renouvellement devra se confirmer au sein du Parti Socialiste afin de mettre fin à ce que j'appelle "la glaciation des strates". Cette impression bizarre que de congrès en congrès nous sommes de moins en moins capables de parler, travailler, débattre véritablement, tant le poids des années passées ensemble ou les uns contre les autres depuis trente ans semblent peser dans les rapports personnels, glacer toute décision, empêcher toute progression vers la refondation que nous appellons tous de nos voeux pourtant. C'est tellement étrange de voir tous ceux, assez nombreux à vrai dire, qui ont porté depuis 2002 le premier secrétaire lui reprocher aujourd'hui tous les maux de la terre. Je n'ai signé aucune motion majoritaire du premier secrétaire depuis 2002, nous avons certes fait synthèse au Mans, et pourtant je me sens solidairement responsable de ce désastre du 8 mai et ne croit pas à la victime expiatoire. Oui, nous croyons encore pouvoir tous vivre, débattre, militer dans le même parti, approfondir pour trancher nos désaccords, sans en faire toujours et encore des histoires de clans, de chefs et de leaders.
Troisième urgence mais qui va prendre du temps, ouvrir les portes et les fenêtres pour éviter l'atomisation progressive et en cours de l'ensemble des forces progressistes. Nous pouvons continuer avec un PS à 25/30% et d'autres forces radicales, républicaines, alter-mondialistes, communistes, écologistes, entre 2 et 4% chacune, si ce n'est moins, voir et regarder monter une force du centre, non-identifiée, avec qui nous devrons pousser la discussion sur le fond et le programme politique avant de nous interroger sur je ne sais quel désistement ou accord de personnes. Mais celà ne fera ni une majorité possible, ni ne nous mettra à l'abri de nouvelles désillusions. Nous pouvons avoir des "devoirs de victoire", encore faut-il en revenir à des fondations solides pour pouvoir être présents aux rendez-vous!
Bref il nous faudra avec nos spécificités françaises écrire un scénario à l'italienne, inventer cette "fabrica" à la française pour mettre à mal la stratégie toute berlusconnienne de Nicolas Sarkozy.
Voilà notre feuille de route pour les jours, semaines et années à venir. Du pain sur la planche, mais d'abord permettre à un maximum de nos camarades et candidats d'être élus en juin pour nous représenter, nous, qui parmi ses 17 millions de personnes au moins, ne nous sommes pas reconnues en Nicolas Sarkozy le 8 mai et avons cru en une victoire possible. Victoire que nous devions gagner, que Ségolène Royal devait gagner, mais que collectivement nous avons perdu. Alors au boulot! Militer et se battre pour des convictions est un éternel recommencement et une remise en cause permanente. J'y suis et nous y sommes prêts.
En attendant, cette note sera la dernière note depuis Le Mans puisque me voilà au bout de cette expérience. Dès vendredi, je serai de nouveau Grenoblois. Je vais enfin retrouver Grenoble et l'Isère; retrouver des proches, des amis, des militants, un nouveau boulot, de nouvelles aventures; dans le même temps, je quitte NXP, anciennement Philips, où j'ai passé plus de 9 ans. Bref une page se tourne, et je ne regrette rien tant tout ce qui est derrière moi fut enrichissant, m'a amené une très belle expérience, de très belles rencontres, mais aujourd'hui, je suis prêt, heureux, serein et vraiment sincèrement plein de cette envie de mordre la vie à pleines dents. Je ne peux conclure sans penser à ma famille, en Bretagne, dont je m'éloigne en kilomètres, mais dont je reste toujours aussi proche et qui je sais, malgré les difficultés, comprend mes choix et me soutient comme moi je peux les soutenir de toutes mes forces, même à distance, dans les bons et les mauvais moments! Je serai donc momentanément absent du net, tant que ma connexion ne sera pas installée dans mon nouveau "chez-moi" grenoblois. D'ici-là portez-vous bien, rendez-vous très bientôt, et surtout restons mobilisés, notamment pour les légistatives des 10 et 17 juin!
Vivement demain!
Commentaires