Quand Martine Aubry, membre du Pacte présidentiel de Ségolène Royal, vient avec ses convictions, ses valeurs nous démontrer la vraie dangerosité du vote Sarkozy.
Bon sang, çà fait du bien! Entre l'imposture Bayrou, et les délires sécuro-libéral-sectaires de Sarkozy, revenir aux fondamentaux fait du bien! Et en bonus à la fin de l'article, ce à quoi ressemble notre France à nous.
Son projet? Une France des inégalités, repliée sur elle-même et livrée aux lois du marché.
Ce que Sarkozy nous prépare Par Martine AUBRY
Martine AUBRY maire de Lille, secrétaire nationale du PS en charge des affaires sociales, membre du pacte présidentiel de Ségolène Royal
Nicolas Sarkozy a beau nous dire qu'il a changé, apparaître comme ayant abandonné son activisme frénétique, qui n'a d'ailleurs eu aucun effet concret pour les Français, comme on l'a vu pour la sécurité, le pouvoir d'achat ou la Corse. Il a beau avoir transformé ses propos excessifs en un ton de doux contradicteur, son projet, ses priorités, désormais connues, confirment ce que nous savions. Fini les références à Jaurès et Blum. Son projet est bien celui de la régression sociale, de la loi du plus fort et des plus riches, et du repli craintif sur soi. Quelques exemples suffisent à le démontrer.
Le vrai projet de Nicolas Sarkozy, c'est celui d'une France qui livre les salariés aux lois du marché. Nicolas Sarkozy ne cache plus où il puise désormais ses idées : au Medef. Au point d'employer exactement les mêmes mots que ses mentors. Dernière proposition en date, «puisque le divorce par consentement mutuel est autorisé depuis 1975», nous dit aujourd'hui le candidat de l'UMP, comme hier la présidente du Medef, il faudrait autoriser la rupture du contrat de travail par consentement mutuel. C'est oublier que le rapport de force entre un employeur et son employé est totalement déséquilibré en défaveur du second. Le droit du travail n'a pas été inventé pour le seul plaisir d'entraver les entreprises mais pour corriger ce déséquilibre. Peut-on parler de libre consentement quand pèse sur soi la menace du chômage ? C'est la porte ouverte à toutes les pressions, aux licenciements en catimini. Cette dernière proposition vient s'ajouter à d'autres qui mettront à bas notre droit du travail hérité de deux siècles de combats ouvriers. A qui fera-t-on croire que le «contrat de travail unique», que propose Nicolas Sarkozy pour remplacer les CDI et les CDD, n'est autre, en réalité, qu'un CPE pour tous, c'est-à-dire des périodes d'essai à rallonge, des licenciements sans motif et sans préavis ? Entendra-t-on bientôt Nicolas Sarkozy nous dire, comme l'a déjà fait sa muse du Medef, qu' «après tout, l'amour est éphémère, pourquoi pas le contrat de travail» ?
Que dire de ses propositions sur les heures supplémentaires ? «Je veux que les 35 heures soient non plus un plafond mais un plancher», nous dit-il. Argument totalement fallacieux puisque, précisément, la durée légale à 35 heures n'interdit en rien de faire des heures supplémentaires (aujourd'hui jusqu'à 180 heures par an, soit 4 heures par semaine, et parfois plus, dans certaines branches professionnelles). Non, ce qu'il veut en réalité et, en tout cas, ce à quoi nous mèneront les mesures qu'il propose, c'est la banalisation des heures supplémentaires. Belle victoire du Medef, parce que les heures supplémentaires, chacun le sait, sont des heures entièrement décidées par l'employeur. Libre à lui de les accorder ou de les imposer à Pierre, Farid ou Jacqueline et de les retirer du jour au lendemain sans préavis, sans motif. Elles ne donneront pas lieu non plus à cotisations sociales, donc ni droit à retraite ni à indemnités en cas de maladie. Enfin, comment ne pas évoquer les conséquences sur le chômage ? L'heure de travail est aujourd'hui 25 % plus chère lorsqu'elle est sous forme d'heure supplémentaire que pour une embauche. Les exonérations promises par Nicolas Sarkozy rendraient les embauches 40 % plus chères que les heures supplémentaires : par exemple, à 1,5 smic, l'heure supplémentaire coûterait 12 euros contre 17 euros/heure pour l'embauche. Croit-on que les entreprises hésiteraient un instant ? Croit-on que cela sera sans effet sur le chômage ?
Le vrai projet de Nicolas Sarkozy, c'est aussi une France qui creuse les inégalités. Là encore, il tente d'avancer masqué mais les Français ne doivent pas être dupes. Après avoir soutenu un gouvernement qui a accordé à 20 % des Français les plus riches 80 % des baisses d'impôts et endetté la France de manière considérable, cette politique va être accélérée par lui. Son bouclier fiscal de 50 % sera sans effet pour la plupart des Français mais conduira à la suppression, de fait, de l'impôt sur les grandes fortunes (puisque leurs impôts hors ISF et CSG se situent à ce niveau de 50 %). Que dire aussi de l'exonération quasiment totale des droits de succession quand on sait les sommes considérables qui sont déjà déductibles ? Quid du non-remplacement d'un départ en retraite sur deux ? Cela signifie inéluctablement, parce que c'est là que se situe le gros des effectifs, moins d'emplois dans les écoles, dans les hôpitaux, moins de services publics dans les zones rurales... qui sont autant de remparts contre les inégalités de toute nature, sociales comme territoriales.
Le vrai projet de Nicolas Sarkozy, c'est enfin celui d'une France repliée sur elle-même. Qui considère l'immigration comme une menace pour l'identité de la France, au point qu'il faudrait un «ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale» pour circonvenir cette menace. Qui refuse le regroupement des familles et expulse sans vergogne jusqu'aux enfants scolarisés dans les écoles de la République. Qui n'a d'autres messages à adresser à la France issue de l'immigration que le slogan «Quand on n'aime pas la France, on la quitte», sous-entendu, «Vous n'aimez pas la France, quittez-la», qui qualifie ses enfants de «racaille» et véhicule des clichés aux relents détestables («Les moutons qu'on égorge dans les baignoires») .
La France de M. Sarkozy n'est pas celle que l'on aime et n'est pas celle qu'aiment les Français et tous ceux qui attendent, dans le monde, son message. Notre identité, c'est celle de la France des Lumières et des droits de l'homme. La France, cette république qui porte haut ses valeurs de justice, de progrès et de tolérance. La France qui a mis sur pied le meilleur système de santé, aux dires mêmes de l'Organisation mondiale de la santé. La France de la sécurité sociale santé, famille, retraite. La France qui défend l'exception culturelle. La France des chercheurs et des créateurs. La France du TGV, d'Airbus, d'EDF-GDF, de France Télécom... La France qui a fondé l'Europe et se bat pour la paix et pour un autre rapport entre le Nord et le Sud. Ce sont bien deux modèles de société qui s'affrontent lors de cette élection présidentielle majeure pour notre pays. Que l'on veuille bien entendre les propositions de Ségolène Royal sur l'éducation, sur l'emploi, sur le logement, sur la sécurité, sur l'environnement, sur l'Europe, sur nos institutions, c'est cette France-là qui s'y trouve. Une France qui cherche à proposer, à elle-même comme au monde, une société qui tourne le dos au libéralisme financier créant ici et partout des inégalités inacceptables. La France qui lutte contre toutes les formes d'intégrisme et de conservatisme. Bref, une France juste et forte, ouverte et généreuse, écoutée et respectée, que seule peut incarner notre candidate Ségolène Royal. N'oublions pas que les Français ne se sont jamais sentis aussi bien dans l'histoire que lorsque la France a défendu haut et fort ses valeurs de solidarité et de tolérance, valeurs auxquelles nous croyons fortement et qui constituent notre identité.
Martine AUBRY maire de Lille, secrétaire nationale du PS en charge des affaires sociales, membre du pacte présidentiel de Ségolène Royal
Et maintenant, kdo à tous:
Tu as raison ça fait du bien.
Chapeau Martine, comme d'habitude !
Rédigé par : Nicolas | 15 mars 2007 à 23:36
Merci Nicolas de ton message.
En réaction, je ne sais pas si "comme d'habitude", je tire mon chapeau à Martine, néanmoins et avec plein d'arrières pensées, pour ce qui est de l'aspect convictions et valeurs, et dans la rencontre entre une personne et les citoyens, je suis conquis et depuis longtemps. Un grand mystère reste toujours pour moi qu'elle n'est pas (encore??) réussi plus largement dans cette rencontre avec plus de nos concitoyens. Sentiment un peu de gâchis pour tout dire.
Rédigé par : Gildus | 19 mars 2007 à 18:57