Depuis quelques jours, je n'avais pas mis de post sur mon blog. Période budgétaire au boulot, période d'interrogation sur mes choix professionnels, période de doutes personnels, période de doutes et d'interrogations dans ce moment de désignation du candidat socialiste à l'élection présidentielle de 2007. Tout celà ne m'inspirait pas ou du moins je ne voulais pas mettre tout celà par écrit. Difficulté à trouver les bons mots.
Ce week-end avait lieu, à une semaine de l'ouverture du dépôt des candidatures à l'investiture du PS, l'université de rentrée du Nouveau Parti Socialiste à St-Nazaire. Vous trouverez quelques photos sur St-Nazaire dans mes albums-photos.
Donc ce week-end a eu lieu. Et contrairement aux craintes de beaucoup, nous avons réussi, je le crois, cet exercice collectif. Ce n'était qu'une étape et beaucoup d'embûches se présentent encore à nous dans les jours qui viennent. Mais même si je cède aux traditionnels "copier-coller" des discours de nos trois responsables, je vais davantage m'étendre un peu plus sur mon analyse et sur les étapes à venir.
Discours de Benoit Hamon
Discours de Henri Emmanuelli
Discours de Vincent Peillon
Notre courant, en toutes responsabilités et malgré les démarches individuelles de certains, a donc choisi à ce stade de ne pas choisir et finalement de ne pas céder à la facilité de la démocratie d'opinion, mais de rester fidèle à notre bloc de convictions lentement construit depuis le choc du 21 avril 2002.
Choix des valeurs et des convictions, refus de courir après Sarko et l'UMP, lui-même courant après Le Pen, choix d'assumer notre engagement à gauche, analyse en profondeur des aspirations des classes populaires qui nous ont quitté, et volonté non de compassion mais de convictions. Nous devons, nous socialistes, être convaincus de notre capacité à convaincre que nous avons à leur disposition un projet alternatif, un débouché naturel à leur demande de plus de pouvoir d'achat, de social, de plus de service public, de plus de protection et finalement de plus d'espoir.
Nous ne devons pas servir à nos concitoyens ce que les sondeurs, les médias et autres piliers de bars du commerce pensent être les réponses, souvent simplistes et individualistes, mais écouter et proposer des réponses collectives et non corporatistes, toutes ces mesures déclinées à longueur de médias et qui contribuent en permanence à opposer les français les uns aux autres.
Nous devons, socialistes, être convaincus, qu'aujourd'hui nous pouvons être une gauche de combat et non de résignation, nous devons être convaincus que nous avons des outills à notre disposition pour réformer en profondeur notre pays et non colmater les brêches et poser des pansements sur une jambe gangrenée.
Tout celà, nous pouvons le mettre en lien avec la pertinence des combats du NPS depuis ces débuts:
- La pertinence de notre analyse et de nos propositions aujourd'hui, largement reprise dans le projet socialiste, adopté par plus de 85% des militants en juin dernier,
- La pertinence de notre militantisme, ou comme d'autres, mais notamment chez nous, où beaucoup de nos jeunes camarades dans leurs organisations de jeunesse, ont été en pointe dans la lutte contre le CPE au printemps dernier,
- La pertinence de notre choix de la synthèse au Congrès du Mans, où malgré les difficultés à l'accepter, nous voyons aujourd'hui que rechercher le rassemblement du Parti Socialiste, avant de rassembler la gauche, reste primordial, même si très difficile en ce moment,
- La pertinence de notre analyse et de notre compréhension du combat européen, lors de notre choix du "non" au Traité Constitutionnel lors du vote interne au Parti Socialiste, à l'opposé d'une majorité pourtant écrasante des militants et adhérents du Parti alors,
- La pertinence de notre militantisme et de notre action au sein du Parti, en responsabilités, lors des campagnes régionales et européennes de 2004, où tant sur le fond de la rénovation sur le fond et la composition des listes, nous avons largement contribué à redonner un sens à ce que voulait dire "être socialiste", à porter une campagne socialiste et un projet socialiste, rassemblant la gauche.
Nous n'avons pour autant pas réussi sur d'autres plans qui aujourd'hui nous conduisent à une impasse à l'heure du choix.
Oui, nous en appelons majoritairement au Premier Secrétaire, garant de notre projet collectif, et qui est notre leader depuis neuf ans. Et pourtant, cédant nous aussi à cette "cinquième présidentialisation" du Parti, notre Parti semble lui aussi préférer la démarche gaulliste "une personnalité rencontre le peuple" à la démarche collective d'un Parti et de son leader partant la bataille.
Oui, nous en restons à la Cinquième République en croyant que la présidentielle primant sur tout le reste, la victoire en Mai impliquera forcément une victoire collective aux législatives. Funeste inversion du calendrier que nous n'avions pas su empêcher (si tant est que collectivement nous nous soyons rendu compte de ce qui nous arrivait à ce moment-là).
Oui, nous n'avons pas pu empêcher comme en 2002 que cette campagne présidentielle qui n'en est qu'à ses débuts ne se fasse sur les sujets de la droite: insécurité, carte scolaire, sélection à l'université, régimes spéciaux ou encore immigration et que nous ne donnions collectivement au mieux l'impression de cacophonie au pire et c'est mon avis l'impression de "désidéologisation" de la politique avec une droite et une gauche que nous n'arriverions plus à distinguer.
Oui, nous n'avons pu être collectivement prêt et en ordre de bataille dès cette rentrée de 2007. Alors que nous n'avions pu débattre que quinze jours sur le projet, nous allons entrer dans une phase où pendant un mois et demi, nous allons devoir supporter la pression extérieure des médias, et la pression des petites phrases assassines qui forcément laissent des traces entre présidentiables socialistes.
Oui nous avons rater le coche du grand parti de masse, au sens débat collectif et au sens formation de militants prêts en masse à aller convaincre nos concitoyens. Nous y avons soudainement pensé mais uniquement pour pouvoir voter à l'investiture... Cruelle cinquième république qui nous étrangle... Cruel dilemne pour tous ceux réellement convaincus de la démocratie représentative face à la démocratie d'opinion.
Une véritable bipolarisation à l'américaine, une stratégie de contournement du clivage gauche-droite, un éclatement avéré de la gauche, et puisque l'on nous oppose toujours les sondages, un clivage gauche-droite, non pas sur les personnes, mais sur les clivages partisans, qui n'a jamais été aussi défavorable (57%-43%) à la droite et celà structurellement depuis des mois.
En quelques mots et j'en conclus pour ce soir, cette impression bizarre, du moins si le Premier Secrétaire ne prenait pas ses responsabilités en sifflant la fin de la récréation et ne posait pas sa candidature, que nous sommes entrés (je le suis en tout cas) dans un dernier baroud d'honneur de ceux et celles qui ne se résignent pas à ce sempiternel "mais puisque la mondialisation nous l'impose, nous devons nous adapter", "mais puisque la commission européenne et les règles européennes nous l'imposent, nous devons démanteler nos services publics", "mais puisque les français nous le demandent, nous devons fermer les frontières, supprimer la carte scolaire, supprimer les régimes spéciaux". Non je ne m'y résoud pas. Je ne crois pas que la messe soit dite. Je crois encore qu'avec notre projet, qu'avec nos qualités collectives, nous pouvons, socialistes français, incarner cette résistance à cette "social-démocratie d'évidence" qui démissionne devant le vent dominant de la "pensée de marché" (merci Benoît....;-)
Alors, François, répond nous, franchement et comme Premier Secrétaire, dis-nous comment en responsabilité, tu décides si oui ou non, tu te lances dans cette campagne?
S'il devait répondre par la négative, nous aurions alors tous en conscience la responsabilité de notre choix pour désigner celui sur le fond que nous croyons le plus apte, celui en qui nous avons le plus confiance (merci encore à Matthieu pour son intervention brillante samedi) mais je crains, que notre courant, le Parti, mais aussi la Gauche, ne sorte encore plus affaibli des débats qui nous attendent dans les semaines à venir.
Pas franchement optimiste comme analyse à la relecture, mais bon, je crois encore à la dynamique collective et comme disait Henri Emmanuelli, en décembre 1980, Mitterrand était bien donné à 37% contre Giscard à 73%.
C'est vrai que l'histoire est un éternel recommencement et j'avoue que la fin de la matinée dimanche matin, nous a quand même bien surpris et ramener quelques 26 ans en arrière.
Je vous laisse écouter:
Surprise!
Alors irons-nous toujours dans un choix collectif du courant NPS? Le Premier Secrétaire respectera-t-il nos concitoyens, la Gauche, notre Parti, ses responsabilités et la synthèse du Mans? Devrons-nous résoudre à un candidat par défaut? Choisirons-nous un candidat? Plein de questions qui restent pour l'heure sans réponse.... Attendons et laissons les choses se décanter.
Je préfère juste garder comme boussole au moins pour les prochaines heures en mémoire ce texte adopté collectivement ce week-end résumant notre position:
NPS vit, NPS vivra!
Gardons toujours en tête notre devoir de victoire contre cette droite néo-conservatrice, pour les plus démunis de nos concitoyens!
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