Il est des moments où l'affirmation des choix n'est pas chose facile.
Tout d'abord parce que l'idée même de choix, quand en plus il s'agit de choix de personnes, signifie confiance dans la personne que nous choississons. En effet, militant socialiste, originaire de cette terre bretonne, qui a peu à peu progressée et montrée elle-aussi le chemin vers une solidarité et une ouverture au monde, signe de tolérance et de progrès social, je suis ce que l'on appelle un "traumatisé" du 21 avril 2002.
Pourquoi? Parce que tout simplement et en quelques mots, j'ai acquis cette conscience de gauche, profondément socialiste, en croyant depuis mon enfance au projet européen, pour moi et pour beaucoup, synonyme depuis des années, de rêves de paix entre les peuples sur notre continent. Mais pas seulement de celà. En croyant aussi que l'Europe est l'échelle pertinente et le véritable lieu d'une réelle transformation sociale, alliant dynanisme économique avec harmonisation fiscale et sociale permettant au plus grand nombre d'atteindre notre principal objectif républicain, faire qu'en solidarité avec nos contemporains, nous offrions à nos enfants, une société meilleure, une société plus fraternelle, une société avec plus de droits, plus d'espoir en somme.
Aussi parce que j'ai cru et je crois encore au volontarisme politique, cette fameuse et particulière conception française que par la politique, l'engagement, nous pouvons et nous croyons pouvoir influencer le cours naturel et dit "normal" des choses. C'est la principale raison d'ailleurs de cette persistance en France, mais pas que dans l'Hexagone, de la croyance que le mouvement naturel des choses ne nous conduit pas inexorablement vers une mondialisation débridée, livrée à la spéculation, aux délocalisations, et à l'offre du moins disant social, du moins disant fraternel, et du conservatisme à tout crin, en termes de religion, de laïcité, du droit des hommes et des femmes à disposer librement de leurs opinions, de leurs choix de vie, sexuels, familiaux, professionnels....
Enfin, parce que j'ai compris dans le 21 avril 2002, que nous n'étions plus audibles, malgré ce que nous appelions collectivement "un bon bilan", que nous étions attendus et n'avons pas répondu présent, sur plusieurs thématiques: quel idéal? quel projet? Avions-nous compris la vraie désespérance de nos concitoyens face au décrochage des salaires face aux hausses du logement, aux blocages de salaires que l'on assimile trop facilement aux 35h, à l'exclusion de plus en plus de nos concitoyens du monde du travail, rendu complètement précaire et dans le même temps à l'attribution aux plus nantis d'une rétribution de leur capital de plus en plus indécente, de dividendes, de stock-options, de niches fiscales, toujours et encore déjà l'époque en pleine explosion? Avions-nous anticipé que le niveau européen devait devenir plus qu'une évidence un impératif, une exigence d'influence face à laquelle nous devions nous battre et convaincre de l'intérêt de politiques non pas monétaristes et complètement dévouées et uniquement à la libre-concurrence, mais aussi à d'ambitieuses politiques en termes d'harmonisation fiscale, sociale vers le haut des droits des salariés, territoriale avec un réel effort économique vers ceux qui allaient nous rejoindre (une Europe passée de 15 pays à 27 sans réels moyens financiers, ou du moins égaux à ceux déployés pour les seules entrées de l'Espagne et du Portugal).
Tout celà m'a amené en 2002, comme beaucoup d'autres au sein de NPS, mon courant au Parti Socialiste, à essayer, non pas en simple opposition à une majorité dans le Parti, à laquelle j'avais appartenu jusqu'alors, à revisiter nos fondamentaux et à proposer au cours des Congrès suivants des propositions, des suggestions, des débats, une vraie volonté de renouvellement qui ne soit pas simplement le signe de nouvelles têtes, mais de nouvelles analyses de la situation dans laquelle se trouve et se trouvait notre Pays. Et notre position dans toute cette période depuis 2002, a été fondée sur le tryptique suivant: exigeant sur l'analyse et les propositions, responsable dans l'unité du Parti, et volontaire pour amener chaque fois notre camp plus prêt de tous et toutes celles qui nous ont abandonnées progressivement dans les urnes.
Aujourd'hui, alors que j'ai toujours affiché un double voeu depuis bientôt un an, à l'unisson de mon courant:
- que notre principal objectif était d'avoir comme premier candidat, un projet et un bon, nous l'avons, et pour beaucoup, il reprend nos propositions et nous l'avons en toute conscience validée en juin dernier comme 85% des militants socialistes,
- ensuite que nous devions tenter et nous avons échoué, à faire que plus qu'un Homme ou une Femme, ce soit simplement le Premier Secrétaire, François Hollande, qui soit notre représentant au cours de la prochaine présidentielle,
Il s'avère que nous avons trois candidats, trois interprétations du projet socialiste.
Notre courant NPS n'a pas en son sein de candidat, et n'a ni souhaité ni pu organiser autour de ces trois candidats un soutien unanime.
Sans enthousiame, sans frénésie de fan-club et à la lecture des actes politiques des dernières années, à la lecture des analyses de ce qui nous a conduit au 21 avril 2002, après également le rejet de la Constitution européenne en mai 2005, au travers des interventions, propositions et débats organisés au sein du Parti Socialiste, nous aurons chacun notre choix à faire et nous ne nous y déroberons pas.
En ce qui me concerne, mon choix est un choix d'adhésion aux propositions et non un choix m'amenant à devenir l'énième membre de l'écurie présidentielle de tel ou telle. Il se veut un choix libre, sur la base de ce que sont mes convictions et de ce que je crois devoir être la hiérarchisation de nos priorités pour répondre à la démolition de la Droite depuis 2002 et à ses propositions de rupture sarkozienne pour demain, un choix basé sur une réelle exigeance de victoire, concrête et réelle en 2007 pour la gauche, sans nous appuyer en permanence sur les sondages, les peurs, le rejet sur les autres de ses propres turpitudes, sans susciter de faux désirs, de faux espoirs. Il est enfin un choix clairement en opposition frontale avec une conception de la politique qui viserait in fine à transformer nos représentants politiques en porte-paroles d'une démocratie d'opinion indéfinissable en opposition à une démocratie représentative, certes à renouveler et à réformer de fond en comble, politiquement, syndicalement, socialement, mais qui reste pour moi le socle sur laquelle nous devons nous appuyer toujours et encore sous peine de sombrer dans des aventures que je pense dangeureuses pour notre camp et notre pays.
Mon choix est fait, et j'en ferai part d'abord demain aux militants NPS isérois, que je retrouverai à Grenoble, qui ne seront pas tout en accord avec cette position, mais comprendrons j'en suis sur la logique de convictions, l'adhésion qui est la mienne au rôle du Parti Socialiste, et en ma croyance dans notre devoir de victoire et à mes doutes sur ce qui semble être une victoire pour beaucoup gagnée d'avance, ou du moins une obligation de résignation à un résultat anoncé.
Je reviendrai dès mon retour d'Isère sur l'identité de celui ou celle pour qui j'aurai annoncé mon choix. Mais qu'ils en soient assurés, je serai comme tous les socialistes, dès le 16 ou 23 novembre mobilisé comme jamais pour conduire le Parti Socialiste et la gauche à la victoire aux élections de 2007!
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